Pourquoi un voyage, qui, au-delà de l’évasion, doit produire la joie des retrouvailles, la réalisation de projets, développer l’économie… se transforme en véritable cauchemar pour les populations ? Pourquoi en lieu et place des rires de joie, ce sont des pleurs qui sont diffusés sur les réseaux sociaux et les différents médias de la planète. Non, les routes ne doivent plus être des… mouroirs. ‘‘Trop c’est trop’’ pour les accidents sur les routes.
Cette situation plus que préoccupante, a fait l’objet d’un débat animé par Eliane Hervo sur RTI 1, le mardi 1er juillet 2025, avec pour thème : « Recrudescence des accidents de la circulation en Côte d’Ivoire, comment y remédier »
L’importance de ce thème et la qualité des interventions commandent que l’on en soit des relais pour sensibiliser les populations à la discipline sur les routes.
« Chaque jour, des vies sont fauchées sur nos routes, des familles, des rêves brisés, des destins interrompus, des économies affaiblies », dixit Eliane Hervo, à l’entame de ces échanges.
Avec une telle alerte, l’on se réapproprie la délicatesse du sujet avec une dose de tristesse, mais aussi avec beaucoup d’attention pour ne rien rater des explications et propositions des débatteurs.
Rappel. Selon Oumar Sako, directeur général de la Direction Générale des Transports terrestres et de la circulation (DGTTC), le nombre de tués des accidents est passé de 800 en 2012 à 1 600 en 2021.
En 2021, avec la Stratégie nationale de sécurité routière adoptée et appliquée par le Ministère des Transports, la tendance des tués des accidents de la route était baissière au chiffre de 522 en 2024.
Malheureusement, sur la période fin décembre au 1er semestre 2025, les décès causés par les accidents de la route enregistrés ont atteint le chiffre de 635. Pourquoi cette recrudescence des accidents ?
Selon Ghislain Coulibaly, sociologue de son état, cette situation déplorable est due à l’incivisme des usagers de la route et à l’impunité. Le non-respect du code la route en serait la principale cause.

Le directeur général de la DGTTC ne dit pas autre chose, lui qui confirme que 95 % des accidents mortels sont de facteurs humains.
Pour Seri Gouaméné Stanislas, président de la Mutuelle des conducteurs professionnels de cars, le chiffre croissant d’accidents sur cette période de fête et de nombreux déplacements serait dû à la fatigue des conducteurs de cars qui, en nombre insuffisant, seraient contraints de travailler au-delà de leurs aptitudes.
Quant à Eric Gbalou, journaliste et ancienne victime d’accident mortel, il pointe du doigt la pratique de certains transporteurs qui consiste à louer des pièces de véhicules pour aller passer la visite technique et remettre les pièces défectueuses sur leurs véhicules pour mener leurs activités de transporteurs avec tous les risques que ce fait comporte.
Si les facteurs des accidents mortels de la circulation sont à 95 % humains, que faire pour y remédier ?
Soucieux de cette tragédie nationale, le ministre Amadou Koné, ses collaborateurs et les acteurs des transports en Côte d’Ivoire ont pris le taureau par les cornes en produisant un document-guide titré « Stratégie nationale de sécurité routière 2021- 2025 » qui vise à réduire le nombre d’accidents dans le pays.
La mise en application de cette stratégie comporte 2 actions en 3 périodes : la sensibilisation et la sanction.
Les taux d’action sont ainsi pré-établies : 70 % de sensibilisation et 30 % de sanction en 1ère période ; 30 % de sensibilisation et 70 % de sanction durant la 2ème étape et en dernière étape 100 % de sanction.
En plus, les permis de conduire seront proposés en fonction du type de véhicules à conduire et surtout des activités à mener.
Mieux, certaines catégories de permis de conduire ne pourront être délivrées qu’avec en sus, un certificat d’aptitude à la profession de conducteur routier. Par ailleurs, d’autres actions sont envisagées par le Ministère des Transports. Ce sont entre autres l’identification et la professionnalisation des compagnies de transport.
En effet, la publication de liste de top 20 des compagnies de transport accidentogènes, et les autorisations d’exercice des activités de transport sont envisagées pour réduire le taux d’accidents sur l’ensemble du territoire national.
A terme, ces actions permettront au Ministère des Transports d’identifier et de promouvoir les meilleures compagnies de transport afin d’aiguiller les populations à faire le bon choix pour leur sécurité durant leurs voyages.
Espérons que la prise en charge holistique de ce fléau permettra de réduire significativement le nombre d’accidents mortels en Côte d’Ivoire.
Edouard Delangui
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