Atsé Désiré est le secrétaire général confédéral I de la Confédération générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (CGTCI). Avant la fête du 1er mai 2023, il parle de cette célébration, et ce que sa confédération prépare. Aussi, parle-t-il de la signature de la 2ème trêve en Côte d’Ivoire…
C’est bientôt le 1er mai 2023. Qu’est-ce que vous avez comme message prioritaire pour vos membres?
Le 1er mai, c’est un jour de souvenir. On se souvient de nos martyrs qui sont morts pour la défense les intérêts moraux des travailleurs. C’est aussi un jour pour faire le bilan. Donc on demande à nos camarades de se mobiliser. De faire de ce jour-là, un jour de réflexion sur leurs conditions de vie de travailleurs fonctionnaires et agents de l’Etat et même du personnel du privé et même de tous les travailleurs de tout secteur. Ce n’est pas un jour de réjouissance. C’est un jour de réflexion. C’est le message que nous tenons à faire passer.
L’année dernière, vous avez posé des problèmes aux autorités lors de la célébration de la fête du travail. Vos préoccupations ont-elles été prises en compte à la veille de fête du 1er mai 2023?
Les problèmes qui ont été posés ont été débattus. Est-ce que ça a été pris en compte? Pratiquement pas hein ! Dans les normes, ils n’ont pas été pris en compte. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’au cours de l’année dernière, on a participé à la première phase du processus de négociation portant sur la trêve sociale.
C’est la phase où l’on recensait les revendications. Dans la deuxième phase, bon, nous avons été écartés. C’est de bonne guerre. Tout ce que nous voulons, c’est que, c’est vrai qu’il peut avoir une trêve, mais les conditions de la trêve. Nous ne sommes ps contre les trêves. Mais quelles sont les conditions qu’on pose ? Et puis on ne va pas aller éternellement de trêve en trêve. Chaque cinq (5) ans, ce sont des trêves, sans qu’on ne trouve solutions aux problèmes des travailleurs. C’est ce que je voulais dire à ce niveau.
Concernant la trêve, est-ce à dire que vous ne vous reconnaissez pas dans la décision qui a été prise pour cette deuxième trêve ?
Une trêve? Mais quelles sont les conditions de la trêve ? D’abord, est-ce qu’il y a eu le bilan de la première trêve ? Il y a eu une trêve en 2017, est-ce que le bilan était fat avec les travailleurs. Ça ne veut pas dire que deux personnes se retrouvent dans une salle pour faire un bilan.
Mais ceux qui ont négocié ou qui étaient en négociation sont des porte-paroles des syndicats ?
Oui, ce sont les porte-paroles des travailleurs. Mais est-ce que cette trêve a été inclusive ? Nous disons non. Comme la première trêve, elle n’a pas été inclusive. Des organisations et des porte-paroles ont été écartés. Normalement les autres peuvent aller discuter avec tous les autres travailleurs. Mais nous, au final, ce qu’on retient de cette trêve-là, d’abord, ça a duré, c’est trop long, pendant 5 ans. Parce qu’on dit qu’il y a une trêve, on ne doit plus rien faire. Et pendant ces 5 ans, on doit se tourner les pouces ?
Pendant 5 ans, les problèmes sont résolus ? Les problèmes sont là, qu’est-ce qu’on fait ? Sinon, on reconnait que ce sont les porte-paroles des travailleurs. Ils pouvaient défendre valablement les travailleurs. Ce sont nos camarades. Nous sommes ensemble. Mais il y a beaucoup d’insuffisance dans l’accord qui a été signé.
Et quel est l’idéale en matière de signature de trêve avec le pouvoir ?
Mais une trêve se négocie. On négocie les conditions de la trêve. On revient surtout sur les conditions. Quand vous prenez la dernière trêve, il n’y a pas de conditions. D’abord la durée de la trêve. Lorsque le gouvernement a pris des engagements lors de la première trêve, est-ce que les problèmes ont été résolus ? Est-ce que les engagements que le gouvernement a pris ont été respectés ? Et puis les éléments sur lesquels, il y a des accords, mais ce sont de petites avancées.
Dans les normes, automatiquement, on devait nous donner ça chaque année. Ça ne devait pas attendre. Puisqu’il y a l’inflation. Mais l’inflation n’attend pas hein. Maintenant, ce qu’on nous a donné, est-ce que ça couvre le taux d’inflation ? Parce que c’est la question de fond. Mais il y a des trucs qui datent depuis 1960. Et quand on fait le calcul entre le taux d’inflation et l’augmentation, mais le gap est énorme. Surtout que tous les jours, on sent la cherté de la vie. Quand on dit cherté de la vie c’est la diminution du pouvoir d’achat des travailleurs, c’est pratiquement une diminution des salaires.
Cette année, vous vous préparer au même exercice pour le 1er mai 2023. Quelle est la quintessence de votre message aux autorités ?
Aux autorités, nous disons que le 1er mai, c’est la fête des travailleurs. On va d’abord parler aux travailleurs de Côte d’Ivoire. On va se retrouver pour réfléchir. Pour faire le bilan. L’année dernière, après an, qu’est-ce qu’on a eu ? Et à la suite de ça, nous allons lancer un message aux autorités. Après le bilan, pour savoir si c’est bon, si ce n’est pas bon. Tout de suite, on ne peut pas se prononcer.
Mais on demande aux autorités, compte tenu de la cherté de la vie, de prendre des mesures. Parce que l’inflation, elle est énorme. Et elle joue sur le pouvoir d’achat des travailleurs, des fonctionnaires, de tous les travailleurs mêmes du secteur public comme du secteur privé. Les paysans mêmes en souffrent de l’inflation. Tout le monde de la société en souffre. Donc il faut que le gouvernement se penche sur l’inflation.
Avez-vous un message particulier à lancer avant la célébration officielle du 1er mai 2023 ?
Avant le jour-j, nous demandons à l’ensemble des travailleurs du secteur public comme du privé, de se mobiliser pour fête le 1er mai qui est la fête des travailleurs et non des gouvernements. Nous les invitons à notre manifestation qui se fait à Adjamé au Groupe scolaire Delafosse, à partir de 9h, à venir prendre part, parce que c’est un jour de réflexion.
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Nous allons réfléchir, faire le bilan de ce qui s’est passé. Et faire des propositions. Quel est le type de syndicalisme qu’on pratique en Côte d’Ivoire ? Est-ce que ça permet aux travailleurs d’avoir des acquis ? C’est autour de ça nous allons échanger pour prendre des résolutions pour l’année qui suit.
Benoît Kadjo et Antoine Kouakou