La maison N’Zassa dans la commune de Treichville a connu une affluence particulière ce jeudi 15 mai 2025. En effet, Le festival international du dessin de presse et de la bande dessinée dénommé ‘‘COCOBULLES’’ y démarrait ses activités dans le cadre de sa 8è édition où, la première table ronde mettait en relief l’importance du ‘‘Fact checking’’.
Ce jeudi 15 mai 2025 a eu lieu la cérémonie d’ouverture du 8è festival international du dessin de presse et de la bande dessinée ‘‘COCOBULLES’’ où la commune de Treichville une fois de plus, a été choisie pour l’édition 2025. Organisé chaque deux ans, le thème de cette nouvelle édition est « Des dessins contre l’infox pour une élection pacifique ».

Et, pour la première table ronde, il s’agissait de plancher sur le « Fact checking ». Les panélistes composés d’experts ivoiriens et étrangers, ont édifié le public venu en grand nombre pour la circonstance. D’entrée, ils ont tenu à définir l’expression afin que chacun des invités soit au même niveau de compréhension.
« En français, cela signifie la vérification des faits. Autrement, un genre journalistique qui se traduit par la vérification des faits », a renchéri Ravanelly Ntumba, journaliste check de (RDC). Azil Lô, de Africa Check (Sénégal), soutiendra de son côté que le Fact checking au début des années 1920 aux Etats-Unis, était une partie intégrante du processus de production de l’information. En d’autres termes, leur mission consistait à vérifier l’information avant sa diffusion.
Et de révéler qu’avec le temps, cette pratique s’est dégradée au point où, l’on saute aujourd’hui cette étape importante. Non sans accuser au passage les hommes de médias d’être responsables de cette dérive. « Si le Fact checking renaît de ses cendres, c’est à cause du mauvais journalisme. Aujourd’hui, beaucoup de journalistes ne prennent pas le temps de vérifier l’information avant de la diffuser », a soutenu M. Azil.

Une sortie que dément partiellement Eric Bayala (patron de presse de l’Agora) qui soutient qu’il faut faire la différence entre le journaliste professionnel et le journaliste citoyen. « Le journaliste citoyen est toute personne qui a un smartphone, prend une photo, y met un commentaire et la met en ligne. Alors que le journaliste professionnel a cette obligation de passer au tamis l’information », a-t-il précisé. Tout en révélant que les fake news sont en général dans le numérique que dans les journaux imprimés.
Parlant des caractéristiques des fakes news, Mme Ravanelly affirme que ceux-ci se distinguent par trois éléments clés. « Les fausses informations circulent beaucoup plus en ligne donc, sur les réseaux sociaux. Également, elles se caractérisent par une absence de source doublée d’un nombre incalculable de fautes d’orthographe et de grammaire. Et enfin, il y a cette constance chez les propagandistes alertent leur public par des signes comme ‘‘attention, attention’’ qui incitent à regarder la publication ».
En termes de conséquences, le lieutenant de police de la plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) a mis en relief l’impact de cette désinformation sur la sécurité. « La désinformation a une influence sur la vie communautaire. Elle peut créer des divisions, des troubles à l’ordre public et inciter à la haine voire provoquer des guerres civiles », a soutenu le représentant de la police nationale ivoirienne.

Pis, il précisera en outre que son impact négatif influe également le volet économique et social : « en plus de mettre en mal la cohésion sociale, ça peut discréditer la vie d’un État à travers la peur que cela créera chez les investisseurs par le manque de confiance ». Raison pour laquelle Mme Rita Asman, présidente des blogueurs de Côte d’Ivoire conseille de vérifier qui a le média dont émane l’information et surtout l’éducation média reste selon elle la meilleure arme pour lutter contre ces désinformations.
Idem pour Mme Ravanelly qui recommande de douter d’abord sur tout type d’informations et de se poser ensuite les questions pertinentes : « Qui me l’envoie ? Pourquoi on me l’envoie ? Est-ce une information vraie ? ». Dans la même veine, si le représentant de la PLCC adhère pour l’essentiel aux méthodes de ‘‘Fact checking’’ à l’image de ses co-panélistes où Google joue un rôle crucial, il avertit en outre que toute information postée, la PLCC prend toujours la peine de vérifier l’authenticité de celle-ci (source officielle, à défaut si c’est une source lambda, on vérifie si cette source lambda est crédible).
« Nous sommes en relation avec le Meta en ce qui concerne les fakes news postés sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Tik Tok ) pour vérifier qui est derrière », a-t-il ajouté. Et de conclure que les peines de prison vont de 6 mois à 10 ans selon la gravité (avec des amendes de 1 à 20 millions).
Quant au président Zohoré, président du festival, après avoir remercié l’ensemble des partenaires et sponsors, a tenu à apporter sa pierre à l’édifice en attirant l’attention des uns et des autres. « Le temps que nous avons choisi pour cette édition du festival résonne avec une acuité particulière dans le contexte actuel. « Des dessins contre l’infox pour une élection pacifique ». A l’approche d’échéances électorales cruciales, notre nation comme tant d’autres sont confrontées à la menace insidieuse de la désinformation, des fausses nouvelles de ce qu’on appelle désormais infox. Les dangers de ces fakes news sont réels et leurs conséquences potentiellement désastreuses pour la stabilité de nos états », a-t-il averti.
Et d’ajouter par

ailleurs que : « face à cette menace, souvent plus perméable aux messages diffusés sur les réseaux sociaux, les jeunes sont une cible privilégiée des stratégies de manipulation politique ». C’est pourquoi dira-t-il que ce festival met un accent particulier sur le rôle pédagogique et sensibilisateur du dessin.
Mieux, le président Zohoré soutiendra que « un dessin incisif peut éveiller la conscience, stimuler la protection et amener nos jeunes contre les thèses de la désinformation. L’humour, l’ironie et la satire sont des armes pour déconstruire les mensonges et encourager un esprit critique indispensable à une citoyenneté éclairée. »
Ce festival international du dessin de presse et de la bande dessinée qui s’étend sur trois jours a enregistré la participation d’experts venus de divers horizons, du Ministère ivoirien de la Communication et celui de la Culture et de la Francophonie. Sans oublier la participation en grand nombre des élèves et étudiants et des têtes couronnées.
Félix Yao
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