Le jeudi 15 mai 2025, au Palais des Congrès du Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan Cocody, la compagnie aérienne française Corsair et des institutions de l’Etat de Côte d’Ivoire que sont le SENAT, l’Assemblée nationale, l’Union des Villes et Communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI), l’Assemblée des Régions et Districts de Côte d’Ivoire (ARDCI), le Conseil Economique, Social, Environnemental et Culturel (CESEC) ont signé une convention, qui permet aux premiers responsables desdites institutions, leurs familles et leurs collaborateurs d’effectuer des voyages professionnels et privés à coûts réduits, sur des avions Corsair.
Cette convention donnerait droit aux bénéficiaires de se faire soigner à des prix préférentiels à l’Hôpital Américain de Paris. Existant depuis 2022, alors qu’il est question de son renouvellement, ladite convention qui devait être un signe de la vitalité économique de la Côte d’Ivoire, est diversement appréciée par les composantes de la population ivoirienne, particulièrement par les politiques.

En effet, au plan politique, les partis significatifs de l’opposition que sont le PDCI-RDA du président Tidjane Thiam et le PPA-CI de l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo dénoncent celle-ci, dont les signataires étaient représentés par la présidente du SENAT, Kandia Camara.
Si les signataires de cette convention motivent leurs adhésions à ce contrat, au motif de réduire substantiellement les budgets de missions à l’étranger, et surtout à l’avantage de l’Etat de Côte d’Ivoire, cette idée n’est pas du tout partagée par le PDCI-RDA et le PPA-CI. Quoi que l’opposition significative a des représentants aussi bien à l’Assemblée nationale, au SENAT, l’ARDCI, l’UVICOCI… directement bénéficiaires des avantages de ce partenariat.
Que nenni ! Pour preuve, dans la déclaration pondue par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le lundi 19 mai dernier, et signée par le député Doho Simon, président du groupe parlementaire PDCI-RDA, ce partenariat a été qualifié « d’acte à la fois scandaleux et honteux » ; soulignant avec détails que « depuis 2022, aucun député du groupe parlementaire PDCI-RDA n’a activé ce partenariat dans le cadre de déplacements privés ou de missions parlementaires en Europe. »

Au demeurant, le PDCI avoue ignorer l’existence de ce contrat en précisant que « le Groupe Parlementaire PDCI-RDA voudrait faire remarquer qu’il n’a jamais été associé à ce projet, ni impliqué dans sa conception, dans sa négociation, encore moins dans sa mise en œuvre. »
Aussi, que dit le PPA-CI de cette convention qui ravive les débats au plan national ? Quatre jours après la signature officielle de cette convention, le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire de Laurent Gagbo, a emboîté le pas au PDCI-RDA en précisant que « la Direction du parti a été informée de ce que ni les députés du groupe parlementaire PPACI, ni les maires des six communes dirigées par le PPACI n’ont été associés à la négociation, à la conclusion, et à l’exécution de telles convention. »
Comme le PDCI, le PPA-CI dénonce ce partenariat qu’il qualifie « d’atteinte grave aux intérêts économiques et stratégiques nationaux en ce sens que le choix porté sur une compagnie étrangère pour les vols Abidjan-Paris et Paris-Abidjan au profit des officiels ivoiriens porte automatiquement un coup dur à la compagnie aérienne nationale Air Côte d’Ivoire ».
En attendant d’avoir le point de vue officiel du parti au pouvoir relatif à cette convention Corsair-Institutions de Côte d’Ivoire, pour certains observateurs de la vie politique ivoirienne, malgré les plaintes de l’opposition et une frange de la société civile, aucune modification ne va y être portée, tant les clivages politiques impactent l’économie du pays.
Edouard Delangui
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