L’actualité politique de cette semaine a vu le retour des vieux démons ivoiriens. Se taire devant ces dérives serait un acte de lâcheté parce que, quand le bateau sombre, tout le monde coule. Et, la première victime, c’est le peuple. Il ne faut pas attendre que le bateau soit ivre avant d’agir. Aussi le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » a-t-il décidé d’en appeler au sens de la responsabilité de la classe politique et de lancer un appel aux ivoiriens.
Le péril qui guette notre nation est grand. Aussi est-il plus qu’urgent que les filles et fils de ce pays se retrouvent, se parlent et s’entendent. La menace djihadiste qui guette à nos portes recommande, pour être gérée avec efficacité, un environnement de paix et de concorde nationale. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » appelle instamment les partis politiques de la Côte d’Ivoire à créer les conditions de cette concorde et de cet environnement socio-politique apaisé. La responsabilité première incombe au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) au pouvoir. La responsabilité incombe aussi à l’opposition. Tous deux doivent créer les conditions de l’apaisement social.
Il est impérieux d’amenuiser les frontières des fractures sociales et politiques pour ne pas que les djihadistes, toujours à l’affût et qui essaient de prendre pieds dans le nord du pays, en profitent pour essaimer parmi nous. Pour le moment, nous avons affaire à des attaques sporadiques. Mais, qu’en sera-t-il demain pendant que nous serions concentrés à nous battre pour le pouvoir ?
Face à cette menace et aux urgences sociales, il nous faut minimiser nos divergences et nos différences idéologiques. Que l’on soit de gauche ou de droite, il faut apporter à la menace djihadiste et aux urgences sociales une réponse concertée et adéquate. L’amour de la patrie et la volonté politique suffisent pour cela. C’est pourquoi le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » salue le rapprochement entre les Présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo qui sont d’obédiences politiques différentes. L’intérêt de la Côte d’Ivoire est plus important que les intérêts particuliers et les idéologies politiques. Et, il n’y a pas d’alliance contre-nature quand il faut sauver la Côte d’Ivoire des démons de la division, du sectarisme et devant les urgences sociales à résoudre pour garantir un meilleur avenir pour les ivoiriens.
Les ivoiriens veulent manger à leur faim et, ils demandent que la vie soit moins chère pour eux plutôt que d’augmenter les taxes pour les appauvrir davantage.
Les ivoiriens veulent un toit pour garantir à leur famille un environnement sécurisé et ne demandent pas à vivre dans des loyers chers et que le prix des matériaux de construction soit augmenté à tout-va, hypothéquant leur rêve de s’offrir un toit décent.
Les ivoiriens veulent des hôpitaux avec des plateaux techniques adéquats pour leur permettre de se soigner pour vivre le plus longtemps possible et non être des candidats à une mort certaine en fréquentant des hôpitaux aux plateaux techniques approximatifs fuis par les gouvernants eux-mêmes.
Les ivoiriens veulent une école de qualité qui garantisse un avenir certain à leurs enfants et non une école qui forme à un chômage certain quand elle ne les déforme pas.
Les ivoiriens veulent une classe politique réconciliée et non une classe politique constamment en conflit avec elle-même pour des crises socio-politiques à répétition dont le peuple paie le plus lourd tribut.
Le chantier de la réconciliation nationale est resté entier depuis 2011 et attend des initiatives plus que symboliques. Cette problématique aurait pu être évacuée si les résolutions du Cadre Permanent de Dialogue en 2012 avaient été abordées avec honnêteté par les gouvernements successifs qui ont plutôt opté pour le cosmétique et les effets d’annonce et si les recommandations de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) n’avaient pas été froissées et jetées. A la vérité, il manque la volonté politique pour sortir la Côte d’Ivoire de la zone de turbulences sans fin qu’elle traverse depuis 1993. Les scènes inhumaines vécues en octobre 2020 montrent que les rancœurs restent intactes et, il suffit que le climat politique se crispe pour les raviver. L’absence de conflit n’est pas synonyme de paix ; loin de là.
Le chantier de la réconciliation nationale ne doit pas avoir pour objectif de tenir des gens en laisse ou de les museler pour un règne tranquille mais il doit permettre à la Côte d’Ivoire de renouer avec sa culture de paix, fondement des relations fraternelles qui lient la soixantaine d’ethnies qui la compose. Se taire pour qu’un pouvoir gouverne tranquillement n’a jamais existé en démocratie. Les mots ne sont pas des électeurs encore moins des baïonnettes, même s’ils conditionnent le jeu politique. Il faut que les uns et les autres puissent mener sereinement leurs activités politiques pour garantir une offre politique plus large et diversifiée et non manœuvrer pour une offre politique étriquée.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » dénonce le rejet du dialogue national exprimé officiellement par le pouvoir RHDP à travers les propos tenus par son directeur exécutif. Devant ce rejet de tout dialogue national inclusif, « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » demande à l’ONU et à l’Union Européenne qui ont activement œuvré pour le dénouement que l’on sait de la crise de 2010-2011 d’intervenir avant que la situation ne s’envenime à nouveau et soit hors de tout contrôle. Le verdict de la Cour Pénale Internationale a remis en cause des vérités acceptées en 2010-2011 comme des évidences et demande aux partenaires de la Côte d’Ivoire de jouer le rôle de facilitateurs pour un dialogue national inclusif et une réconciliation véritable. Les menaces à peine voilées proférées par le directeur exécutif du RHDP à l’encontre de l’ancien Président Laurent Gbagbo sont inacceptables et de nature à embraser à nouveau le pays. Parce qu’elle menace dangereusement la paix sociale, cette atmosphère naissance de violence verbale demande d’agir de manière urgente.
Il faut se méfier de l’orgasme du pouvoir qui pousse aux rodomontades et amène à emprunter des voies contraires à celles de la sagesse. La Côte d’Ivoire ne va pas restée dans le bellicisme sans fin pour un règne que l’on voudrait voir durer cinquante ans. Un homme de paix n’a pas peur du dialogue qui ne fait, d’ailleurs, que renforcer sa stature de faiseur de paix.
Nous avons suffisamment démontré notre maturité politique et montré à la face du monde que nous savons nous entendre autour de l’essentiel, la Côte d’Ivoire, qu’il serait désespérant que le chantier de la réconciliation qui commence par un dialogue national inclusif soit laissé pour compte pour des questions de stratégie politique d’accaparement du pouvoir. Il faut, pour une fois, en Côte d’Ivoire, avoir le courage de crever l’abcès et sortir des demi-vérités et autres langues de bois pour une réconciliation vraie. S’entêter dans des demi-vérités et des silences complices est le meilleur moyen de ne pas sortir le pays des crises sans fin. Les demi-vérités et les stratégies d’accaparement du pouvoir ont produit 1995, 1999, 2002, 2010, 2011 et 2020. Jusque-là, aucune leçon n’a été tirée ; les uns devenant pires que leurs prédécesseurs. Les ivoiriens ont besoin de vérité. Les ivoiriens ont besoin de savoir qui a fait quoi et pourquoi afin qu’ils ne vivent plus les boycotts actifs, les coups d’Etat ou tentatives de coup d’Etat, les oppositions armées animatrices de rébellion ainsi que les emprisonnements pour mettre une muselière aux empêcheurs de manger et de gouverner tranquillement, tous aux conséquences inqualifiables pour la construction d’une nation viable.
Fait à Abidjan, le 14 juillet 2021.
Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire »
Pr. Séraphin Prao
Président