Rencontré le jeudi 18 avril 2024 à son domicile sis à la Gesco Attié Judé, Sylvain Kalou Bi, chef de quartier et ex-navigateur de bateau à la retraite, a fait l’état des lieux du dédommagement des sinistrés suite aux récentes opérations de déguerpissement par le gouverneur du District Autonome d’Abidjan. Déguerpissement ayant entraîné la destruction de plusieurs maisons et écoles. Et qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive.
Avant toute chose, le chef Kalou Bi a dit merci aux autorités gouvernementales et en particulier, au maire de Yopougon, Adama Bictogo et ses collaborateurs qui dans leur mission, ont très vite pris les choses en main pour l’accompagnement des personnes sinistrées dont la plupart ont perçu, propriétaires comme locataires la somme de 250.000 FCFA. « Nous lui en sommes reconnaissants. C’est un soulagement » a indiqué l’ex navigateur.
Le chef de quartier n’a cependant pas manqué de rappeler aux autorités compétente la question de la mise en œuvre de la deuxième phase de l’opération concernant la promesse de l’octroi de 100 m2. Il a également suggéré l’augmentation de la prime octroyée (250.000 FCFA) à 500.000 FCFA. Car selon lui, cela permettra de tenir compte de la cherté de la vie à tous les niveaux, situation qui prévaut actuellement dans le pays.
Pour le chef Kalou Bi les populations souffrent. « Il ne faut pas se le cacher. C’est la misère depuis lors. Nous souffrons », a-t-il dit. « Le quartier se vide de jour en jour », a regretté le chef de quartier. Il a justifié ces départs par le fait que « chacun veut protéger ses arrières. » Pour le chef Kalou Bi, cette situation est comme une sorte d’épée de Damoclès pour les « survivants ». Il pense que chacun prend tout simplement ses précautions. Mais cela ne suffit pas.
D’après lui, il y a pis encore. En particulier, pour les propriétaires de maisons puisque depuis cette malheureuse affaire, les locataires refusent désormais de payer les loyers aux propriétaires. Ils jouent à un jeu de cachecache avec leurs propriétaires.
« Depuis quatre (4) mois nos vies sont aux arrêts. Tout est bloqué. Même ma fille en deuxième année à l’INFAS est obligée d’attendre, faute de moyens financiers. Pendant que les autres vont à l’école. Mais jusqu’à quand ? », s’est-il interrogé. « Aujourd’hui, nous subsistons grâce à mon épouse qui s’est reconvertie en vendeuse de charbon. Alors qu’auparavant, elle avait un commerce florissant. Mais ses magasins ont aussi subi la furia des bulldozers. Grâce à l’argent de nos loyers nous n’étions pas à plaindre », a-t-il poursuivi.
Jointe au téléphone, Mme Jeanne Djané, une ancienne propriétaire d’une cours de 17 portes, la déception était perceptible dans sa voix et ses propos. Elle a avoué, en tant que propriétaire, que la somme 250.000 FCFA est infirme.
« J’ai une grande famille avec des enfants et petits-enfants. Comment pourrais-je bien me reloger avec cela? », a dénoncé Mme Djané. Cependant, elle garde l’espoir que la promesse concernant le terrain de 100 m2 accompagné de la somme de 1 000 000 FCFA à leur promis sera une réalité.
Hélène Aka