La ville de Bonoua, vit depuis quelque temps, une crise à cause de la gestion de l’Association Régionale pour l’Expansion Economique de Bonoua (AREEBO), structure de développement économique. Dans cette interview, le ministre Faustin KOUAME choisi par consensus par le peuple abouré le 31 mai 2020 pour diriger cette association mais qui fait face à la résistance de certains membres de l’ancienne équipe dirigeante, au pouvoir depuis plus de 20 ans, dit sa part de vérité. Des vérités crues afin d’interpeller les autorités à se pencher sur la situation qui prévaut à Bonoua dont les pauvres populations sont les véritables victimes.
Monsieur le ministre, vous êtes fils et un haut cadre de Bonoua pour avoir été député de Bonoua de 1990 à 2000, Garde des Sceaux ministre de la Justice, ensuite ministre des Affaires présidentielles, puis conseiller spécial chargé des affaires juridiques et institutionnelles sous le régime du président Henri Konan Bédié. Comment se porte aujourd’hui Bonoua ?
En réponse à votre question de savoir comment se porte Bonoua, oui Bonoua se porte bien pour certains, Bonoua se porte mal pour d’autres. Mais ce que je puis vous dire ou je voudrais vous dire, c’est que Bonoua aurait pu mieux se porter si la majorité de la population qui conserve encore sa dignité n’était pas prise en otage par une pincée d’intellectuels analphabètes. Vous pourriez constater que tous sont quasiment membres du Bureau Exécutif défunt de monsieur AHOLI PAUL, bureau dont le mandat statutaire de deux ans courait de janvier 1998 au 31 décembre 2000 ; alors que l’article 20 des statuts de l’AREEBO envisage le renouvellement ou la reconduction du Bureau Exécutif tous les deux ans, jusqu’à ce jour, il n’y a eu aucune Assemblée Générale à cette fin. Et depuis 20 ans donc ce bureau fonctionne impunément de façon non statutaire et dans l’illégalité avec des personnes qu’on croyait être de véritables intellectuels, y compris malheureusement et honteusement un magistrat d’ailleurs qu’on a mis comme Commissaire aux Comptes. Hélas pour ce que j’appelle des intellectuels analphabètes !
Qui appelez-vous intellectuels analphabètes ?
C’est celui qui malgré ses diplômes, titres et grades, n’est pas socialement utile voire nuisible socialement à l’instar du Bureau Exécutif défunt de l’AREEBO.
Une affaire de AREEBO serait à la base d’une crise. C’est pourquoi je vous demandais tantôt si Bonoua se portait bien. Et à propos de cette crise, vous serez l’une des personnes concernée. Que se passe-t-il exactement avec cette affaire de l’AREEBO ?
Ceux qui décident, c’est la génération au pouvoir car à Bonoua le roi ne décide pas. La royauté n’est pas un organe décisionnel mais elle veille à l’observance et à l’application des mesures prises par le seul organe décisionnel qu’on appelle les M’Man incarnés par la génération qui exerce le pouvoir traditionnel. Actuellement à Bonoua, c’est la génération appelée Noudjous dont je suis membre. C’est ce qui explique que depuis le ministre Mathieu EKRA à ce jour, le président de l’AREEBO a toujours été choisi par consensus. Le président de l’AREEBO a toujours été un cadre de la génération au pouvoir choisi par consensus par les représentants du peuple. L’actuel usurpateur de la présidence de l’AREEBO monsieur HOBA JEAN est également retraité au niveau coutumier car la génération à laquelle il appartient appelée N’Noé allant à la retraite a passé le flambeau à notre génération les NOUDJOUS.
De 1998 à ce jour, le dirigeant de l’AREEBO a donc toujours été un cadre appartenant à la génération qui exerce effectivement le pouvoir traditionnel et non à une génération qui l’a déjà exercée ou qui l’exercera. A Bonoua donc, pour aucun motif monsieur HOBA JEAN ne peut être président de l’AREEBO. Il ne le peut non plus en droit comme on le verra ci-dessous.
Concrètement, comment avez-vous été désigné président de l’AREEBO ?
Le 31 mai 2020, dimanche de pentecôte comme par coïncidence, après deux années de concertation, les représentants du pouvoir traditionnel que sont : Quartier Koumassi, M. Abli, qui est le Bliman, c’est-à-dire, l’autorité coutumière du quartier. Bohi Blata, chef quartier, Dédé Kouassi, chef Attiblé, c’est notre génération qui est au pouvoir, Koffi Assamoi Sam et Nintin David. Quartier Begniri, Adjéi Téki Joseph, le Bliman, Alexis Kadjo, chef Attiblé, chef de la génération au pouvoir, Ablégué Adjé Joseph, porte-parole et chansonnier, Allouan Francçois, M’molo Ayemou et Ahimin Martin. Quartier Bronoukro, Ayimain Adjobi, Bliman, Assohoun Ahoulou, chef Attiblé, Adja Koukoua, Kouamé Saint-Clair, Ayémou Attéké, Adjobi Parfait, chef quartier adjoint. Tels sont ceux qui ont été mandatés par le peuple de Bonoua pour procéder à la désignation consensuelle de Faustin KOUAME comme président de l’AREEBO. Tout cei a été consigné par acte de Commissaire de Justice.
Monsieur le ministre, devant cette situation, est-ce que vous avez fait des démarches pour que votre légalité soit établie ?
Oui, les démarches nous en avons faites et nous en faisons toujours. Au niveau administratif, en évitant de nous comporter en intellectuel non analphabète, nous avons notifié le Procès-verbal portant désignation de monsieur Faustin KOUAME à la présidence de l’AREEBO à monsieur le Sous-préfet de Bonoua et cela conformément au droit régissant les associations. A la suite de cela, il y a eu des pressions de toute sorte, des menaces envers la plupart des partisans de la justice sociale juste en faveur des paysans. Devant cette situation et devant l’arrogance répétée de quelques malhonnêtes survivants du Bureau Exécutif défunt de l’AREEBO, bureau duquel tous les membres honnêtes ne pouvant plus cautionner l’assassinat financier de leurs propres parents, ont tous démissionnés.
Les membres, allant du secrétaire général au trésorier général à leurs adjoints ont tous été entendus dans le cadre de la plainte que nous avons du porter ; et que chaque habitant honnête de Bonoua doit également porter en vertu de la loi. En effet, l’article 303 du code pénal punit d’un emprisonnement allant d’un mois à trois ans toute personne qui, et nous citons « Ayant connaissance d’un crime ou d’un délit déjà tenté ou consommé, n’a pas alors qu’il était encore possible d’en prévenir ou limiter les effets ou que l’on pouvait penser que les coupables ou l’un d’eux commettrait de nouveaux crimes ou délits qu’une dénonciation pourrait prévenir, averti aussitôt les autorités administratives ou judiciaires… »A vous tous, collaborateurs d’AHOLI PAUL ou non, de monsieur HOBA JEAN, présumé détourneur de milliards de FCFA dont aviez entendu parler, dénoncez ou joignez-vous aux procédures en cours car la loi vous y oblige. C’est donc devant cette situation, qu’en tant que citoyen d’abord puis seul président de l’AREEBO, j’ai été contraint par la loi de porter plainte contre les nommés AHOLI PAUL, ancien président de l’AREEBO de décembre 1998 au 31 décembre 2000 et autres membres manifestement malhonnêtes de son Bureau Exécutif et de monsieur HOBA JEAN, activiste et usurpateur de qualité associative.
Trois plaintes sont donc pendantes devant le parquet criminel du Tribunal de Grand-Bassam notamment pour les faits suivant : usurpation de qualité statutaire associative, abus de bien de l’AREEBO (des immeubles construits par l’AREEBO avec des titres foncier individuels), détournements de redevances prélevées sur la production d’hévéa, détournement de sommes d’argent.
Nous savons tous qu’en matière de délinquance à col blanc, matière que je semble maitriser tout de même parce que Dieu m’a fait grâce entre autres doctorats d’être le troisième docteur d’Etat africain en sciences criminelles, les personnes poursuivies se targuent toujours d’avoir des tentacules jusqu’au sommet de l’Etat et de partager leur butin avec X ou Y. Nous y attachons aucune importance car se sont des attitudes classiques de nageurs à l’agonie. C’est la raison pour laquelle nous demandons au magistrat Thomas KOUTOU, actuellement au Conseil d’Etat qui s’est fait élire commissaire aux comptes de l’AREEBO de se ressaisir et de faire profil bas car il est inconcevable qu’un magistrat soit commissaire aux comptes dans une association et face preuve d’un silence coupable pendant des dizaines d’années au détournement de plusieurs milliards de francs CFA sans pouvoir lever une seule fois la voix.
Les articles 141 de la Constitution, 35 de la loi organique du 4 août 1978 portant statut de la magistrature indique clairement que le magistrat non seulement doit être compétent mais commet une faute disciplinaire pour manquement de son état, à l’honneur, à la délicatesse ou à la dignité. C’est la raison pour laquelle nous demandons instamment à ce magistrat à qui nous avons téléphoné à deux reprises (sans même qu’il ait l’humilité de nous rappeler comme promis) de revenir dans le droit chemin ou de prendre ses distances d’avec la noble magistrature si cela semble ne plus lui convenir. Quand un magistrat est quelque part dans la cité, il sert de luciole, de boussole juridique aux autres et non pas de fossoyeur du droit.
Monsieur le Ministre, les 10 et 11 févriers derniers, Monsieur le Ministre KONAN Kouadio Bertin, en mission de réconciliation et de cohésion sociale des cadres et populations de Bonoua s’est adressé publiquement à monsieur HOBA JEAN comme président de l’AREEBO devant toutes les autorités administratives du département de Grand-Bassam et les forces vives. Est-ce que le débat judiciaire n’est pas clos ?
Je voudrais encore une fois dire qu’il n’y a aucun débat judiciaire de l’AREEBO à Bonoua. Ce débat pour les honnêtes populations de Bonoua qui ont toujours respecté la loi malgré ce que certaines situations peuvent faire penser de Bonoua, ce débat, dis-je est clos car la désignation consensuelle du président de l’AREEBO du 31 mai 2020 et acté par commissaire de justice fait foi non pas jusqu’à preuve de contraire mais elle fait foi jusqu’à inscription de faux.
Les différents responsables des trois quartiers cités plus haut ne sont pas des faussaires. Le commissaire de justice (anciennement huissier de justice) qui a acté cette désignation n’est pas non plus un faussaire. Tout porte à croire que le Ministre de la Réconciliation et de la Cohésion Sociale a été gravement induit en erreur par ceux qui ont préparé et géré son séjour à Bonoua. Un véritable disciple d’Houphouët Boigny, un membre du gouvernement de Monsieur Patrick ACHI et nommé par le Président Son Excellence Alassane OUATTARA, ne peut aller à une telle mission sans chercher à rencontrer comme l’aurait fait Houphouët BOIGNY, toutes les personnes qui ont été entendues par la brigade de gendarmerie. Du reste, j’ai le sentiment que tous ces officiels et autorités traditionnelles et de façon plus triste, des collaborateurs du Ministre KONAN Kouadio Bertin, originaires de Bonoua ne lui ont pas dit que le plus grand détournement associatif en Côte d’Ivoire depuis la colonisation jusqu’à ce jour est l’œuvre de cadres insatiables, ventripotents invertébrés de Bonoua et qui sont poursuivis par la justice criminelle.
Mais si par extraordinaire le Ministre a été informé de cette procédure criminelle et qu’il s’est adressé publiquement à monsieur JEAN HOBA comme président de l’AREEBO, Monsieur le Ministre tombera alors sous le coup des dispositions de l’article 253 troisième du code pénal relatif aux « empiètements des autorités administratives et judiciaires ». Un tel mépris pour la justice est inconciliable avec les autres fonctions de l’Etat notamment avec les fonctions ministérielles. Je voudrais donc rappeler à Monsieur le Ministre la conception de l’Etat de droit du Président de la République et au gouvernement auquel il appartient. Elle est celle-ci : l’Etat de droit est caractérisé par un critère essentiel celui de la soumission des autorités publiques mêmes des plus hautes au droit et non pas s’en affranchir publiquement avec arrogance et mépris pour la justice et pour ceux qui choisissent de conserver le silence.
Nous invitons respectueusement Monsieur le Ministre à venir réparer le fossé qu’il est venu accentuer à Bonoua si vraiment comme je l’espère sa bonne foi a été surprise ou si sa bonne foi n’a pas été surprise, si non qu’il en tire les conséquences car conférer publiquement une qualité à un imposteur à l’égard de qui pèse de graves faisceaux d’indices concordants de pillages, de détournements de fonds, d’abus de biens sociaux, de falsification de titres fonciers, est incompatible avec les fonctions ministérielles. Dans ces conditions, nous invitons respectueusement Monsieur le Ministre à tirer les conséquences car l’Homme doit s’efforcer en toute circonstance de demeurer digne.
Réalisée par Benoît Kadjo