L’Autorité Nationale de la Presse (ANP) a organisé, ce vendredi 21 janvier 2022, à Abidjan Plateau, la première session de « ANP ACADEMY » pour l’année 2022, et la 4ème édition de ce programme mensuel de sensibilisation et de renforcement des capacités des journalistes et autres acteurs des médias. Cette première session avait pour thème « Journalisme entre professionnalisme et militantisme. »
Avant que les trois panelistes n’interviennent sur le thème du jour, le président de l’ANP, Samba Koné, a fait l’état des ventes de la presse écrite ivoirienne qui selon lui, sont passées de 6 milliards FCFA en 2011 à 2 milliards FCFA en 2021. Pour le président Samba Koné, cette chute dramatique des ventes de journaux qui montre que le lecteur ivoirien a tourné le dos à la presse imprimée, fait dire à l’ANP qu’il faut rechercher l’une des causes de cette chute des ventes dans les contenus proposés par les organes de presse papier. D’où le thème de cette première session de « ANP ACADEMY »
Il a également indiqué que la presse imprimée est en train de rester dans un automne qui perdure après le printemps qui a connu des moments glorieux. Il a donc invité les responsables de la presse écrite à revoir leur copie avec ce panel. Il a d’ailleurs été suivi dans cette veine par Dr. Bamba Sidiki, enseignant chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody. Selon ce dernier, Journalisme et professionnalisme sont incompatible avec journalisme professionnel et militantisme. Car a-t-il soutenu « le militantisme prend toujours le pas sur le professionnalisme.»
Pour cet enseignant chercheur, quand on est dans un métier, il y a des exigences. C’est pour quoi, a-t-il souligné que « le respect sacrosaint de nos codes d’éthique et de déontologie » reste primordial. Aussi, selon Dr Bamba Sidiki, c’est parce qu’il y a mélange de genre qu’il y a mésinformation et désinformation. « Le journaliste doit être toujours capable de faire le distinguo des genres journalistiques.
Avis que ne partages pas les deux autres panelistes. D’une part, pour Charles Sanga, directeur de publication du journal ‘‘Le patriote’’, proche de l’actuel parti au pouvoir, le RHDP et du président Ivoirien Alassane Ouattara, le militantisme n’est pas forcement signe de dérapage professionnel. « J’assume pleinement mon militantisme, j’assume pleinement ma posture professionnelle », a-t-il déclaré
Pour César Etou, l’autre paneliste, directeur de publication du journal ‘‘La voie originale’’, journal proche de Laurent Gbagbo et de son parti le PPACI, l’exemple des aînés tels que Laurent Dona Fologo, Jean-Pierre Ayé, Joseph Diomandé qui étaient tous des militants avérés du Pdci-Rda, n’a pas empêché ces dernier à montrer leur professionnalisme. A en croire ce dernier, il faut aussi explorer d’autres pistes telles que la non distribution des journaux sur 40% du territoire ivoirien par la société de distribution Edipresse, la farouche concurrence de internet et des réseaux sociaux etc.
Certains intervenants dont Denis Kah Zion, propriétaire du journal Le Nouveau Réveil, journal proche du Pdci-Rda, de Sam Wakouboué, directeur de publication du journal L’expression ont également demandé d’arrêter de faire le procès des journalistes militants. Car d’une part, dans un journal, il y a plusieurs rubriques (Economie, Société, Culture, sport, international). Mais aussi, il y a d’autres facteurs qui qui conditionnent la mauvaise vente des journaux.
Pour Degny Mexant, journaliste à la RTI « on peut être journaliste professionnel et militant politique mais on peut être journaliste professionnel et ne pas être professionnel. » Il a donc été demandé aux organes de régulation de s’impliquer dans le perfectionnement des journalistes et pour certains, il est nécessaire d’inviter les uns et les autres à des séminaires pour chercher les causes profondes des maux de la presse écrite en vue d’y chercher des solutions.
Benoît Kadjo