Côte d’Ivoire : comment vaincre le signe indien des graves accidents de la circulation

Côte d’Ivoire : comment vaincre le signe indien des graves accidents de la circulation
S'inscrire à la newsletter
Listen to this article

Le mardi 27 mai 2025 est retenu comme une des dates noires dans les transports en Côte d’ivoire. Un carambolage qui s’est produit sur l’autoroute du nord, dans le sens Yopougon-Adjamé, précisément au niveau de la forêt du Banco a laissé un bilan macabre de quatre (04) morts calcinés et d’une vingtaine de blessés. En attendant les résultats de l’enquête demandée par le ministre des Transports, Amadou Koné, qui était sur les lieux du drame, l’on est en droit de s’interroger, pourquoi tant d’accidents mortels en Côte d’Ivoire ?

Selon les rapports d’une étude initiée par le Ministère des Transports, sourcés sécuritéroutière.gouv.ci, de 2020 à 2021, il y a une augmentation significative du taux d’accident de 11%.

Ce chiffre a sonné comme une alarme pour le gouvernement qui a pris le taureau par les cornes, en initiant une Stratégie nationale de la sécurité routière (SNSR) 2021-2025, avec l’objectif de réduire de 25 %, le nombre de tués sur les routes.

De 10.054 en 2021, le nombre d’accidents est passé à 8089, soit une réduction de 24 % du nombre d’accidents, à mettre au compte des résultats de cette SNSR.

Entre autres actions prescrites par la SNSR, l’intensification des contrôles routiers, la vidéo-verbalisation, l’alcool test, le retrait de points des permis de conduire, etc. ont contribué à faire baisser le chiffre des accidents.

Cependant, on se souvient que lors d’un panel organisé pendant la 17e édition du Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA), à l’INJS, et visant à sensibiliser la jeunesse sur la sécurité routière, le ministre Amadou Koné avait alerté l’auditoire que le nombre d’accidents avait pris de l’ascendance.

Cet accident mortel du 27 mai dernier vient, malheureusement, confirmer cette tendance regrettable. Alors questio

n : Pourquoi une remontée du nombre d’accidents mortels pendant qu’un bilan à mi-parcours de la SNSR indiquait à espérer à tendre vers les objectifs de la mise en œuvre ?

Pour des esquisses de réponse, quelques personnes sondées, se sont prononcées sur la question. Interrogé sur le sujet, M. Grodji, gérant d’Ayoka Autoécole, sis face au siège des sapeurs-pompiers de Yopougon, a relevé les facteurs tels que l’indiscipline des conducteurs. Il souligne que même les règles élémentaires de contrôle de véhicules avant de les déplacer chaque matin ne sont pas toujours respectées ; ce qui peut engendrer des défaillances techniques graves, causes d’éventuels accidents. Par ailleurs, l’autre raison évoquée par le gérant de ladite auto-école est le non-respect du code de la route. Qui n’a jamais été témoin du non respect des feux tricolores par les conducteurs de véhicules, de tricycles et de motocyclistes ?

Autre raison évoquée par M. Grodji est l’illettrisme des conducteurs. Dans une métropole comme Abidjan où les infrastructures routières sont des plus développées, avec des signalisations nouvelles, il est récurrent que l’incapacité de les lire cause aussi des accidents mortels.

Pour expliquer l’augmentation des accidents mortels, Rodrigue G. pointe du doigt le vieillissement du parc automobiles. Tout en s’inclinant devant la mémoire des personnes décédées dans cet accident du mardi 27 mai 2025, il revisionne une vidéo de ce carambolage pour étayer ses propos.

Pour lui, l’état des bus de transport public communément appelés gbakas confirme ses dires. D’ailleurs il s’interroge comment de telles guimbardes peuvent elles circuler en Abidjan, précisément sur les axes Yopougon-Adjamé, et Mbadon-Adjamé, Locodjoro-Adjamé, etc., au vu et au su de des autorités en charge des transports ? Dépité il abandonne sa tasse de café qu’il dégustait.

Quant à M. Konan, mécanicien, il soutient que les accidents seraient causés par l’inexpérience et la quasi adolescence de ceux qui sont au volant des véhicules poids lourds. Il argumente que l’obtention définitive des permis de conduire de ces mastodontes, devrait être précédée un an après, le permis provisoire, d’un test d’évaluation avant sa délivrance définitive.

Pour terminer, si l’on retient que la Stratégie nationale de sécurité routière avait donné des résultats probants, n’est ce pas éventuellement une baisse de rigueur dans sa mise en œuvre qui engendre l’augmentation regrettable du nombre d’accidents actuellement ? Wait and see.

Edouard Delangui

#Côte d'IvoireAccident de la circulation