Dans le cadre de la célébration de la fête du travail 2024, la Confédération générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (CGT-CI), en lieu et place des éternels défilés de chaque 1er mai, a organisé pour sa part, une conférence publique sur le thème « Face aux problèmes actuels des travailleurs, quelles réponses syndicales ? » C’était le mercredi 1er mai 2024 au Groupe scolaire Jean Delafosse, dans la comme d’Adjamé au quartier 220 logements.
C’était une occasion pour la CGT-CI de rendre hommage à ses martyrs, de faire le point des revendications, le bilan des différentes luttes et de dénoncer la trêve sociale ainsi que la revalorisation des salaires de 75.000 FCFA devant passer à 120.000 FCFA pour le SMIG, ainsi que plusieurs cas qui oppriment les travailleurs. « Pour nous, le 1er mai n’est pas un jour de fête mais un jour de combat », a indiqué le conférencier Atsé Désiré, 1er secrétaire confédéral adjoint de la CGT-CI.
Selon lui, le contexte international et national du 1er mai 2024 doit interpeler sur la situation internationale, sous régionale et nationale. « Les problèmes actuels des travailleurs sont la baisse drastique du pouvoir d’achat, l’insécurité généralisée, la mise en œuvre des mesures antisociales, les déguerpissements tous azimuts, la violation des libertés démocratiques et syndicales. Tel est le contexte international et national dans lequel les travailleurs de Côte d’Ivoire vont célébrer le 1er mai 2024 ou journée internationale des travailleurs », a-t-il déclaré.
Les réponses syndicales de la CGT-CI selon le conférencier sont de s’inspirer et d’étudier l’histoire du 1er mai, faire la promotion du syndicalisme révolutionnaire. Ainsi, Atsé Désiré a déploré les attaques contre les libertés syndicales qui ne font que s’empirer pour le malheur des travailleurs et des leaders syndicaux qui paient le prix de leur insoumission, l’exclusion temporaire pour quelques mois avec suspension voire suspension totale de solde pendant des mois ou année.
Il a pris son propre exemple en tant que premier secrétaire confédéral adjoint de la CGT-CI et SGN du SYENET dont le salaire est suspendu depuis plus de 7 mois, l’exemple de Narcisse Koffi, porte-parole de la coalition des syndicats de la santé de Côte d’Ivoire (CALISANTE) etc.
A en croire le secrétaire confédéral Atsé Désiré, malgré l’embellie économique, les travailleurs sont victimes d’une véritable catastrophe sociale du fait de la baisse drastique de leur pouvoir d’achat. Aussi a-t-il dénoncé la hausse effrénée des prix des produits de première nécessité tels que le riz, la viande, le poisson, le gaz domestiques les médicaments, les produits énergétiques avec l’augmentation de 10% du prix de l’électricité…les rackets opérés sur les routes, le manque de volonté politique de réguler les prix au motif que la Côte d’Ivoire a choisi le libéralisme économique.
« Comme on le constate, les travailleurs de Côte d’Ivoire sont toujours abonnés à la rubrique de misère sans limite, pendant que les autorités politiques, gouvernementales et patronales s’octroient des salaires exorbitants, étalent leurs richesses et vivent dans l’opulence, l’insolence et le mépris des masses laborieuses », a-t-il souligné.
Le secrétaire général confédéral Adjoint de la CGT-CI a décrié le mauvais pilotage des mesures de déguerpissement et d’assainissement des quartiers précaires d’Abidjan. « Malgré les tentatives de rattrapage pris par le gouvernement, les mesures de déguerpissement et d’assainissement entreprises en ce début d’année 2024 dans les quartiers précaires de Yopougon-Gesco, Boribana, Mossikro (Attécoubé), ont considérablement aggravé les conditions sociales du petit peuple (ouvriers, artisans, etc.) du fait de la destruction sans discernement des habitations, petits commerces, ateliers, écoles…tout ceci ouvre des boulevards de l’insécurité, la violation des libertés démocratiques et syndicales », a-t-il déclaré. Pour Atsé Désiré, dans la croisade antisociale contre les syndicalistes insoumis et les acteurs politiques, le pouvoir RHDP tente vaille que vaille de restreindre toutes les libertés politiques et syndicales en prenant sous des fallacieux prétextes contre ceux-ci.
Pour le conférencier, l’arrêté n° 0112/MEN/DELC du 20 octobre 2011 du ministre de l’Education nationale, Madame Kandia Camara portant interdiction des activités syndicale à l’école qui, jusqu’à ce jour n’ayant pas encore été abrogé, la signature de la trêve sociale étant une trahison contre les mouvements syndicaux, il a invité les travailleurs à s’inspirer de l’histoire du 1er mai qui n’est pas seulement une fête mais un combat pour la liberté des travailleurs.
« Cela suppose pour les travailleurs, prendre conscience des conditions d’exploités et d’opprimés par le gouvernement et le patronat et à cesser d’être de simples spectateurs de la vie socio politique nationale. Elargir le front de lutte par la réalisation de l’unité d’action avec toutes les forces politiques, syndicales (tout en fédérant les luttes ouvrières et paysannes) et la société civile, dont l’objectif est de favoriser l’amélioration des conditions sociales des travailleurs », a proposé le camarade Atsé.
Entre autres solution, il a demandé à ses camarades à s’engager dans le combat anti impérialiste susceptible de saper les bases de la domination et de la mainmise du capital étranger et de restaurer la souveraineté nationale. Le secrétaire général confédéral adjoint du CGT-CI a demandé à faire du 1er mai une véritable fête de lutte des travailleurs.
« Depuis 2004 la CGT CI s’est engagée dans la lutte pour la construction d’un nouveau type de syndicalisme en Côte d’Ivoire et ce syndicalisme se pose d’emblée au service des travailleurs en opposition au syndicalisme de participation », a-t-il rappelé. La CGT- CI par la voix de son SGA a rappelé aux travailleurs de Côte d’Ivoire que le gouvernement et le patronat n’oseront jamais les réveiller de leur profond sommeil. « L’économie est maintenant en bonne santé, réveillez-vous et levez-vous pour revendiquer, » a conclu le conférencier.
A sa suite Achy Ekissi, secrétaire général du Parti communiste révolutionnaire de Côte d’Ivoire (PCRCI) s’est adressé à l’assemblée sur l’origine de la commémoration du 1er mai. « Cette fête est célébrée partout dans le monde, en souvenir à la répression criminelle des ouvriers de Chicago, le 1er mai 1886. La fête du 1er mai, est une commémoration des crimes du capitalisme contre la classe ouvrière. Il faut la valorisation de tous les salaires des travailleurs en particulier du SMAG et du SMIG, la conversion des CDD en CDI », a-t-il souligné.
Il faut noter qu’étaient présentes la Ligue panafricaine UMOJA (Uniti) de Côte d’Ivoire représenté par Poean Mingni, l’Association nouvelle des communistes France représentée par Henry Ansaldi. Ces représentants ont, à tour de rôle, apporté leur contribution à cette conférence débat. Aussi, la CGT Burkina et des camarades étudiants affiliés à la CGT-CI ont participé à cette du travail organisée par la CGT-CI.
Antoine Kouakou