« La presse au service de la planète : le journalisme face à la crise environnementale », c’est le thème choisi pour commémorer la Journée mondiale de la liberté de la presse qui a eu lieu le vendredi 03 mai 2024. En Côte d’Ivoire, la commémoration officielle 2024 a eu lieu dans la commune de Cocody, à Abidjan. A l’occasion de cette célébration, plusieurs journalistes ont pris part à la marche commémorative avant la cérémonie officielle qui a eu lieu au stade la RTI.
« Vous avez compris l’incongruité de l’indifférence face au danger qui nous guette. Vous avez décidé d’agir et le gouvernement qui est chargé de mettre en œuvre la vision du président de la République, sous la direction du premier ministre Robert Beugré Mambé, ne peut que vous soutenir », a rassuré Jean Martial Adou, directeur de cabinet représentant le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement ivoirien sur la lutte contre la crise environnementale dont la Côte d’Ivoire n’est épargnée.
Aussi a-t-il expliqué qu’il faut agir tous vite, parce que cela touche à la vie et à la survie de l’humanité. Poursuivant, Jean Martial Adou a ajouté que « la liberté vous permet d’agir avec la pleine conscience de votre responsabilité dans la marche du monde. Le gouvernement conscient de cette liberté doit être entretenue, ne ménage aucun effort pour qu’elle s’exerce sur notre territoire. » « Vous êtes engagés à jouer un rôle crucial dans la construction d’un avenir durable pour tous et vous avez raison. Merci de continuer à produire des contenus d’information et de sensibilisation des populations », a-t-il dit.
En somme, le représentant du ministre Amadou Coulibaly a demandé aux journalistes de passer à l’action, en faisant savoir que la Côte d’Ivoire est résolument engagée à adopter les réformes réglementaires et institutionnelles indispensable à une gestion efficace des impacts climatiques.
« Nous sommes reconnaissants des risques et des efforts dans le travail que vous les journalistes, vous faites chaque jour pour la nation. Ces services que vous rendez, vont à l’endroit du peuple, de la liberté, et au service de l’environnement », a souligné, pour sa part, Jessica Ba, ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique en Côte d’Ivoire qui n’a pas manqué de dire que son pays apprécie ces risques et ces efforts des journalistes ivoiriens. « Sachez que nous sommes là ensemble pour protéger vos droits » a-t-elle conclu.
A sa suite, Gnacabi Désiré représentant Audrey Azoulé directeur général de L’UNESCO a fait savoir que « 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée avec une température moyenne à la surface du globe de 1,45 degré supérieure à celle de l’ère préindustrielle. » Selon lui, d’autres records alarmants ont été franchis concernant les températures des surfaces des océans, l’élévation du niveau de la mer ou le recul des glaciers.
« Alors que l’humanité fait face à ce périple existentiel, il faut rappeler en cette journée mondiale que le défi climatique est aussi un défi journalistique et informationnel. Aucune action climatique efficace n’est possible en effet sans l’accès à une information scientifique, fiable et libre », a-t-il confié aux journalistes.
En leur expliquant pourquoi « cette année cette édition met en exergue le lien essentiel entre protection de la liberté de l’expression, ce bien publique mondial et préservation de notre planète ». Aussi, selon le représentant de l’UNESCO « cette journée mondiale est aussi un appel à l’action pour protéger le journalisme et une information libre et pluraliste, un appel à responsabiliser davantage les grands réseaux sociaux qui doivent renforcer leur mesure de modération et de régulation pour contrer la désinformation et les complotismes autour du déréglément climatique dans la lignée des principes publiés par l’UNESCO en novembre 2023. »
Pour Gnacabi Désiré, il s’agit de doter tous les citoyens à une pensée critique nécessaire pour faire face à la désinformation, d’appeler à protéger les journalistes et les professionnels des médias, les artistes et les scientifiques trop souvent victimes d’harcèlements, de violences et de censures. Car une étude de l’UNESCO qui parait ce mois-ci le montre que 70% des reporters environnementaux ont été victimes d’attaque de menaces ou de pressions à cause de leur travail.
« 44 journalistes environnementaux ont été tués ces 15 dernières années », a-t-il affirmé. Selon l’envoyé de Audrey Azoulé, l’accès à une information fiable est d’autant plus fiable en cette super année électorale où quelques 2,6 milliards de citoyens, à travers le monde, sont appelés aux urnes. « Comment ces électeurs pourraient rester maitre de leur propre destin si leur choix sont altérés par de fausses informations et polariser par des discours de haines dans ce contexte ? », s’est-il interrogé.
Gnacabi Désiré a rassuré les journalistes sur le fait que l’UNESCO reste fermement engagé à la liberté de l’expression comme droit humain fondamental et pilier de la démocratie. « C’est tout le sens de nos actions pour défendre les journalistes et les former à la sécurité y compris dans les situations de crise comme en Ukraine, en Afghanistan, au Soudan ou en Haïti », a-t-il fait savoir.
Selon lui, son organisation a, dans le même temps, formé et sensibilisé des milliers de juges, procureurs et membres des forces de l’ordre aux enjeux de la liberté d’expression. Car il a reconnu, que ce sont des acteurs essentiels de cette liberté.
« Ces prochaines semaines, nous allons lancer des initiatives spécialement consacrées à l’environnement pour mieux protéger les journalistes environnementaux ou pour renforcer l’éducation aux médias et à l’information sur les grands réseaux sociaux », a-t-il avancé d’expliquer que « ce 3 mai, l’UNESCO voudrait rappeler un message simple : protéger une information libre et plurielle, c’est aussi dans le même temps, protéger nos démocraties comme notre planète. »,
Sam Wakouboué de l’Intersyndicale du secteur des médias de Côte d’Ivoire, pour sa part a relevé le rapport de Reporter sans frontière de l’année 2023. Ce sont 779, soit près de 800 journalistes qui ont connu la prison dans le monde. « Malheureusement, encore à ce jour, 543 journalistes et 26 de leurs collaborateurs, donc 569 acteurs des médias qui sont toujours dans les cellules des prisons du monde. On note malheureusement 12 journalistes tués dans le monde » a-t-il déploré. Pour lui, cela leur est arrivé « parce que tout simplement ils ont voulu faire leur métier qui n’est rien d’autre qu’informer le peuple. »
Jean Claude Coulibaly, président de l’Union nationale des journalistes de Cote d’Ivoire (UNJCI), a, à son tour, expliqué les rapports du GIC par rapport à la hausse brutale et continue de la température mondiale enregistrée depuis l’ère industrielle. « Autrement dit, c’est l’activité de l’homme qui accentue l’émission des gaz à effet de serre.
Les conséquences de ces facteurs combinés, ce sont la diminution de la disponibilité en eau et des mauvais rendements des cultures, des risques accrus de sécheresse, la perte de la biodiversité, des incendies de forêt, des vagues de chaleur, l’immigration climatique avec les risques de fortes perturbations des fragiles équilibres socio-économiques et les conflits sous-jacents », a indiqué le président de L’UNJCI.
La Côte d’Ivoire occupe la 53ème place du classement mondial sur 180 pays dans le classement 2024 sur la liberté de la presse dans le monde de l’ONG Reporter sans frontière (RSF) avec un score de 66,89 contre 68,83 en 2023 ou le pays était classé 54ème.
Il faut noter que ce thème qui interpelle les journalistes à prendre conscience de tous les aspects de la crise environnementale mondiale et de ses conséquences est essentiel pour construire des sociétés démocratiques dans cette période cruciale pour l’humanité. C’est l’occasion de renouveler l’engagement en faveur du principe fondamental de de liberté de la presse. Parce que les journalistes sont confrontés à d’important défis tels que l’exploitation minières illégales, la pollution, le braconnage, la déforestation…
Antoine Kouakou