2ème édition de la Semaine de la Presse : L’ANP propose la Culture de l’Esprit Critique dans un flot d’informations

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Le lundi 24 mars 2025, le Palais de la culture d’Abidjan, dans la commune de Treichville, a abrité la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition de la Semaine de la presse organisée par l’Autorité nationale de la presse (ANP). Pour cette deuxième édition, il s’agira d’œuvrer au développement de l’esprit critique des citoyens surtout des plus jeunes, de sorte à être mieux outillés face au flot quotidien d’informations.

C’est le mardi 24 mars 2025 que l’ANP a lancé sa deuxième semaine de la presse au Palais de la culture d’Abidjan, dans la commune de Treichville. Pour cette deuxième édition, le thème est « Société de l’information et intelligence artificielle : quelles contributions de l’école à la formation de l’esprit critique du citoyen face aux médias ».

« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles, aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel », ironise d’emblée le Prof Simplice Yodé Dion, enseignant-chercheur en Philosophie, conférencier. Selon lui, la ‘‘viralité’’ et le ‘’scoopisme’’ caractérisent la société d’informations actuelle. Il a expliqué qu’il y a viralité, parce qu’il y a un flux ininterrompu d’informations qui submergent quotidiennement la vie des citoyens. En revanche, le scoopisme amène à vouloir donner le premier une information que personne n’a. Cela peut, aux dires du conférencier, conduire à inventer, fabriquer des informations.

Une vue des panelistes.

Dans ce labyrinthe d’informations, d’après le professeur Dion, l’intelligence artificielle (IA), ne vient pas innocente. Dans la mesure où l’IA transforme l’information. Autrement dit, la société vit sous la dictature des algorithmes qui dictent, recommandent et créent des contenus pour la société. Façonnant et orientant ainsi les perceptions de la réalité. « Il y a des robots avancés qui créent des avatars qui vous donnent l’impression de la réalité. Alors que le résultat de ces robots n’est que manipulation », soutient Prof Simplice Yodé Dion.

Ce qui l’amène à s’interroger sur « comment l’école peut-elle contribuer à former des citoyens critiques face aux médias et à l’IA ? » Selon lui, l’école n’est plus le lieu où on enseigne la trilogie du savoir : savoir, savoir-être et savoir-faire. Il a affirmé qu’avec la société actuelle, l’on est passé de la trilogie à la pentalogie du savoir.

Comme solution, l’enseignant de philosophie soutiendra que l’esprit critique doit être la compétence clé, « parce qu’à notre époque, nous sommes dangereusement menacés. Il faut pour ce faire développer l’esprit critique. » Aussi a-t-il conseillé de « interroger toujours les sources et le contexte d’une publication ou affirmation, ensuite passer à l’analyse approfondie pour évaluer la fiabilité et évaluer les biais possibles susceptibles de vous conduire dans le faux. »  Autrement dit, selon lui, l’esprit critique est fondamental, pour l’éducation aux médias et à l’information qui permet de naviguer dans un paysage médiatique complexe.

Raison pour laquelle trouve-t-il que l’école joue pour cela un rôle crucial dans la formation de l’esprit critique. Mieux, il préconise le développement des compétences analytiques afin que les élèves apprennent à déconstruire les messages médiatiques. C’est-à-dire la déconstruction des faux messages doit être un réflexe pour identifier les intentions malveillantes ou pas.

« Tant que nous n’avons pas un esprit critique, nous ne sommes pas dans une société démocratique. Elle fonctionne quand les gens sont bien formés et bien informés par la presse, bien éduqués et capables d’apprécier et participer ainsi au débat politique », a-t-il recommandé.

De son côté, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement représenté par son conseillé Bakary Sanogo, a soutenu que « aujourd’hui, nous devons faire face à une réalité troublante : la frontière entre vérité et mensonge est devenue floue plus que jamais. Des fausses nouvelles, aux théories du complot, en passant par les images et vidéos manipulées, la propagation de l’information erronée peut avoir des conséquences graves ».

Poursuivant, le premier responsable de la communication en Côte d’Ivoire affirme que les réseaux sociaux sont devenus un des principaux canaux de diffusion de l’information. Les contenus sensationnels, émotionnels ou polémiques génèrent donc plus d’interaction et se propagent donc plus vite que les faits vérifiés.

« De plus, les algorithmes de ces plateformes créent des bulles d’information, où nous sommes exposés principalement à des contenus qui confortent notre opinion. Cette chambre d’écho réduit notre esprit critique et renforce nos croyances, même lorsqu’elles sont basées sur des faits erronés », a-t-il expliqué. Ainsi dira le conférencier de la cérémonie d’ouverture, que cette 2ème édition entend contribuer une fois de plus, à préparer les citoyens d’une manière générale, et les jeunes en particulier, à savoir les élèves et les étudiants, afin qu’ils développent de façon systématique un esprit critique face à toute information reçue. C’est-à-dire mettre en doute l’information, afin de chercher à en déceler la véracité ou la fausseté.

Pour le président de l’ANP, M. Samba Koné, structure initiatrice de cette semaine de la presse, « dans cet environnement médiatique, on ne peut plus diversifier, l’éducation du public aux médias et à l’information nous paraît à l’ANP, comme un impératif qu’il faudrait nécessairement promouvoir. Il s’agit de fournir aux citoyens les outils nécessaires pour leur permettre d’être capables d’évaluer et de critiquer les informations qu’ils reçoivent en permanence. Le citoyen sera à même de renforcer sa résilience face à la désinformation et partant réduire notablement l’impact des fausses informations. »

« L’éducation aux médias et à l’information instruit les citoyens, entre autres, sur l’identification des sources d’information, sa crédibilité, sa pertinence… Toute chose mise en œuvre permet de lutter contre la propagation de fausses informations », a-t-il poursui.

Pour cette 2ème édition, comme nouveauté, dira-t-il, les élèves visiteront, outre le cycle complet d’une entreprise de presse imprimée, une station de radio et de télévision.

Cette deuxième semaine qui ferme ses portes le 28 mars 2025, a enregistré à l’ouverture, une forte présence des personnalités de divers horizons. Notamment du monde des médias, de la politique, de représentations diplomatiques, d’établissements secondaire et supérieur sans oublier d’autres structures dont certains des responsables ont apporté leur contribution, par l’animation d’un panel.

Félix Yao

#Côte d'Ivoire2ème édition de la Semaine de la presseANP